Le financement de la trésorerie est une thématique majeure pour toute entreprise, notamment dans le contexte actuel d’épidémie mondiale. Toutes connaissent ou connaîtront, quel que soit leur stade de développement, ce que l’on appelle des « décalages de trésorerie ». Quelles sont les solutions qui s’offrent à l’entreprise lorsqu’elle manifeste un besoin (plus ou moins urgent) de trésorerie ? Voyons cela ensemble.
Sommaire
Le financement de la trésorerie d’entreprise, c’est quoi ?
Pour l’entreprise, la trésorerie est l’ensemble des liquidités mobilisables : sommes en caisse, solde des comptes… Malheureusement, il est possible que des décalages entre encaissements et décaissements causent des « trous » dans cette trésorerie.
De manière générale, de très nombreuses causes peuvent entraîner des besoins en financement de trésorerie : mauvaise gestion des délais de paiements clients et fournisseurs, difficultés d’encaissement, saisonnalité…
L’entreprise peut d’ailleurs connaître des besoins en trésorerie à tous les stades de son développement :
- À la création. De nombreux décaissements sont à prévoir à cette étape, lesquels viennent bien souvent avant même les premières ventes : achat de matériels et fournitures, de stocks, recrutements…
- Pendant une période de développement / croissance : les dépenses augmentent bien souvent pour financer ce développement. Citons par exemple l’achat de nouveaux équipements ou le recrutement de nouveaux collaborateurs.
- En cas de difficultés : délais de paiement mal gérés, créances clients non payées…
Il existe heureusement de nombreuses façons de financer sa trésorerie à court terme. Nous les verrons plus bas.
Une bonne gestion de la trésorerie permet d’éviter les décalages et tous les risques financiers inhérents, et notamment le plus important de tous : la cessation de paiements. Au quotidien, éviter les trous de trésorerie permet aussi de se tenir éloigné des intérêts débiteurs, commissions d’intervention bancaire…
À l’inverse, il est possible, et bien sûr souhaitable, que l’entreprise ait des « excédants de trésorerie » (on parle de solde de trésorerie excédentaire). Le cas échéant, il faudra qu’elle les place pour en tirer pleinement profit.
Demander une augmentation de son autorisation de découvert
Lorsque l’entreprise sait qu’elle fera bientôt face à un décalage de trésorerie, elle peut prendre les devants et demander une augmentation de son découvert autorisé. Cela lui permettra de respirer un peu en attente, par exemple, de paiements qui tardent à arriver. Évidemment, cette solution n’est pas la meilleure si les sommes en jeu sont importantes et que le besoin en trésorerie est conséquent.
Idéalement, les facilités de caisse se demandent à la banque en amont. C’est l’une des raisons pour lesquelles anticiper les décalages encaissements / décaissement, via un bon plan de trésorerie prévisionnelle, est si important.
L’augmentation du découvert bancaire est, pour l’entreprise, la solution la plus simple et la plus rapide. Celle-ci peut être accordée par la banque, notamment si l’entreprise entretient avec elle de bonne relations : les conseillers professionnels ont une marge de manoeuvre en la matière. Elle est toutefois limitée dans le temps (quelques mois en général) bien que, souvent, tacitement renouvelable.
Bien sûr, l’autorisation de découvert est soumise à un plafond : le solde débiteur ne peut pas descendre en deçà d’un certain niveau. Les intérêts débiteurs, qui peuvent être négociés, peuvent s’avérer élevés et assez dissuasifs.
Lorsque vous négociez ces intérêts débiteurs, n’hésitez pas à présenter votre plan de trésorerie prévisionnelle si celui-ci joue en votre faveur. Montrez que le décalage de trésorerie a été anticipé et qu’il n’est que passager.
Le crédit de trésorerie pour les professionnels
Le prêt de trésorerie professionnel est en quelque sorte l’étape supérieure à la demande d’augmentation de l’autorisation de découvert. Il s’agit d’un financement bancaire, donc externe.
Là encore, celui-ci se demande idéalement en amont, avant même le décalage de trésorerie.
Un prêt de trésorerie à court terme permet de récupérer des liquidités et d’étaler leur remboursement dans le temps. Bien entendu, il est conseillé de négocier ses conditions avec son établissement bancaire : taux, durée, frais en cas de remboursement anticipé…
Le prêt professionnel est très souvent préférable :
- Aux intérêts débiteur et commissions d’intervention bancaires, ponctionnés si l’autorisation de découvert est dépassée (en durée ou en montant),
- Aux retards de paiement des dettes fournisseurs (ce qui peut compliquer les relations qu’entretient l’entreprise avec eux),
- Aux risques de cessation des paiements ou pire, de faillite.
L’affacturage pour financer sa trésorerie d’entreprise
Le principe de l’affacturage est simple : il s’agit du fait, pour l’entreprise, de céder des créances clients (des sommes qu’elle doit récupérer à terme) à un établissement spécialisé. Ce dernier est le « factor ».
Le factor récupère les créances et paye l’entreprise immédiatement, une fois le contrat d’affacturage signé. Cela permet à l’entreprise de combler tout de suite un éventuel trou de trésorerie, et de se libérer, par la même occasion, de la charge du recouvrement des créances auprès de ses propres clients. C’est en effet le factor qui aura pour mission de récupérer les paiements pour son compte.
L’affacturage est une forme d’avance de trésorerie pour l’entreprise.
Bien évidemment, l’affacturage a un coût pour l’entreprise, lequel est loin d’être négligeable. Le factor prélève une commission en général assez onéreuse, ce qui minore le montant total récupéré.
La loi Dailly permet aussi la « cession Dailly », laquelle se fait directement avec la banque. Là encore, il s’agit d’une avance de trésorerie payante. Dans ce cas, ce ne sera toutefois pas à l’établissement bancaire de recouvrer les créances : cela restera du ressort de l’entreprise. Peu importe qu’elle ait des difficultés à se faire payer : elle devra de toute façon rembourser la banque. Notons que la cession Dailly n’est en principe possible que pour les entreprises B to B.
Qu’est-ce que l’escompte pour financer sa trésorerie d’entreprise ?
L’escompte est assez similaire à l’affacturage. Ici, l’entreprise transfère à la banque des traites / effets de commerce, avant leur échéance. Ceux-ci peuvent concerner un ou plusieurs clients.
La banque verse alors le montant total des traites ou effets, minoré de ses frais et commissions bancaires. Ensuite, elle recouvre les montants en jeu auprès des clients de l’entreprise.
Cette solution est quand même moins utilisée aujourd’hui. En effet, l’escompte est au final assez long à mettre en place, d’autant qu’il faut recueillir au préalable l’accord du client débiteur. Il s’agit en outre d’une solution relativement onéreuse.
Le financement interne pour financer sa trésorerie d’entreprise
L’entreprise ayant des décalages ou des difficultés de trésorerie peut rechercher des financements internes. Plusieurs solutions existent si l’on veut renforcer ses fonds propres.
La première est l’apport en compte courant d’associé (à condition bien sûr qu’il y ait plusieurs associés !). L’un d’eux, ou plusieurs, peut faire un apport en liquide, ce qui devient, pour l’entreprise, de la trésorerie. Les formalités sont relativement légères en comparaison de celles inhérentes à l’augmentation de capital. Il faut pour cela qu’un associé ait des liquidités suffisantes pour combler les besoins de financement de trésorerie actuels ou futurs.
Deuxième solution donc : l’augmentation du capital de l’entreprise. Celle-ci permet d’obtenir de la trésorerie qui ne sera pas à rembourser par la suite. En revanche, le formalisme est lourd et l’opération est en général assez coûteuse (frais de greffe, d’avocat, de rédaction…).
Les solutions pour optimiser la gestion de sa trésorerie d’entreprise
Nous l’avons vu, l’entreprise peut chercher à financer sa trésorerie dans de nombreuses situations, et notamment quand son besoin en fonds de roulement excède son fonds de roulement.
Au delà des solutions de financement à proprement parler, existent aussi des solutions plus « en amont » pour optimiser sa trésorerie et de manière générale, ses flux.
En voici quelques-unes :
- Préférer le crédit bail / la location longue durée (c’est-à-dire le leasing) pour les dépenses importantes type, par exemple, achat des véhicules d’entreprise. Cela évite de creuser la trésorerie et permet de lisser cette dépense au fil des mois.
- Le crowdfunding, qui est un appel au financement public, pour lancer par exemple un nouveau produit ou financer un investissement (prévoyez le coût des contreparties !),
- Le crowdlending, qui permet d’emprunter auprès du public (c’est là une alternative très intéressante au financement bancaire),
- Les prêts d’organismes ou d’entités non bancaires, type BPI France : prêts d’honneur, prêt Atout, prêt Rebond…
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